L'orgue de barbarie de Bernard et Philippe

polyphone Debièrre

 

En partant d'une idée simple:

Alors qu'habituellement une flûte ne produit qu'une note, on peut utiliser la perce comme sur une clarinette. On peut, de cette manière, obtenir des notes différentes avec une même flute qui, si elles sont proches d'un demi-ton, ne sont que très rarement jouées en même temps, car dissonantes. Des obturateurs commandés par des soufflets dégagent les trous pour changer la note.

On peut alors construire un jeu d'orgue "économique" en réduisant le nombre de flûtes pour émettre les douze notes d'une octave avec seulement 5 flutes.

 

Un exemple par un amateur d'orgue de barbarie en vidéo:

 

 

 

Cette méthode n'a pas été utilisée dans les orgues de barbarie ni même dans les orgues de foire mais par un facteur d'orgues d'église qui a même industrialisé la méthode pour produire en série des orgues positifs qui utilisent les flûtes polyphones dans une manufacture ultra-moderne pour l'époque. Son fondateur, Louis Debierre s'est installé à Nantes rue saint-André et Saint Clément dans les années 1875. En passant d'une production artisanal au stade industriel il a rationalisé la production et surtout fait chuté les coûts.

 

Il a déposé un brevet sur ce type de flûtes polyphones (et d'autres):

le brevet du 18 aout 1882 n°150638 original manuscrit.

 

Ce brevet ne dit rien du calcul de la position et de la forme des trous. Il semble d'ailleurs que la théorie à ce sujet reste complexe et encore insuffisante et qu'il vaut mieux les déterminer de façon empirique ou expérimentale par tâtonnement successifs.

 

Les facteurs traditionnels sont d'ailleurs  très critiques quand à la qualité sonore de ces tuyaux: "si la longueur du tuyau change avec les clapets, la section ne change pas et donc plus on monte les notes et plus le son devient flûté, il y aura une marche de timbre au tuyau suivant, intolérable sur un orgue d'église"

D'ailleurs il est signalé que Cavaillé-Coll facteur contemporain de Debierre les considérait comme "une curiosité et avec dépit".

 Cette objection est à mon sens à peine recevable puisque c'est le cas de tout instrument à vent avec une perce comme la flûte traversière, la clarinette ou le saxophone dont personne ne dit qu'il y a des marches de timbre.

 

Sa vie et son œuvre font l'objet  d’un livre "l'orgue à l'épreuve de l'industrie, la manufacture Debierre" de Pierre Legal aux éditions MeMo, que vous pouvez commander en quelques clics.

 

quelques vidéos pour voir et écouter ses orgues:

 

https://www.youtube.com/watch?v=5KqlAo6XXjI

 

https://www.youtube.com/watch?v=GQYh8bI75ak

  

https://www.youtube.com/watch?v=_svQQsBXGaQ 

 

Un site allemand qui fait référence à ce facteur d'orgue:

http://www.orgelbau-vier.com/innovative_konzepte01.html

et le même traduit par google à peine plus compréhensible:

https://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=de&u=http://www.orgelbau-vier.com/innovative_konzepte01.html&prev=search

 

 

Cette technique ne doit pas être confondue avec le trou nodal qui conserve la fréquence de la fondamentale mais modifie le timbre en renforçant les harmoniques ou plutôt les partiels. Le trou nodal est positionné en fonction d'un ventre ou d'un nœud pour renforcer un partiel ou une harmonique précise, alors que la perce d'un corps de flûte vise à modifier la fondamentale avec un trou positionné en fonction de la fréquence visée avec un diamètre suffisamment important pour influencer la fondamentale et ses partiels. Le trou d'un polyphone est beaucoup plus large et n'est pas positionné sur les ventres ou les nœuds de la fondamentale contrairement au trou nodal dont le diamètre est réduit.

 

Il reste donc à construire un orgue de barbarie sur ce principe pour avoir un 42 touches avec seulement 21 flûtes et écouter pour savoir si nos oreilles seront heurtées par sa sonorité (encore un  projet à rajouter à ma liste déjà trop longue).



27/04/2016
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