L'orgue de barbarie de Bernard et Philippe

Les tampons en silicone

 

 

Les tampons en silicone ou communément les tampons peinards ( pas pénard).

 

Le rôle des tampons consiste à permettre l'accordage d'un bourdon ou flûte bouchée en l'enfonçant pour monter en fréquence ou, au contraire pour descendre en fréquence en le sortant.

L'étanchéité de ces tampons doit être parfaite.

 

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Traditionnellement les tampons sont constitués d'une pièce de bois légèrement inférieure à la section interne de la flûte et recouverte d'un morceau de cuir dont la résilience (ou la souplesse) va permettre de rendre étanche tout en autorisant un glissement dans le corps de flûte.

Ces tampons traditionnels présentent plusieurs inconvénients:
- les cotes du noyau du tampon doivent être très précises, car trop grandes, le corps de flûte va exploser et décoller la flûte qui ne sera plus étanche mais, trop petites, le cuir ne sera pas assez épais pour assurer l'étanchéité. Le résultat est identique la flute n'est plus étanche et refuse de sonner!
- le cuir doit se plier dans les angles et fait des surépaisseurs. On coupe généralement se qui dépasse au ciseaux mais les fuites sont fréquentes surtout lorsque le tampon a été sollicité ou déplacé,
- lors des accordages si on a trop enfoncé le tampon, le fait de le reculer peut laisser le cuir en place et se désolidariser du noyau en bois. On peut éventuellement coller le cuir sur le noyau mais cette pratique rigidifie le cuir qui perd sa résilience. Donc à chaque recul il faut tout sortir et n'accorder qu'en enfonçant le tampon.
 

Pour ceux qui comme nous, par peur de perdre en étanchéité, font toujours leurs tampons plutôt plus grands que trop petits et qui par conséquent explosent une flûte sur trois et surtout plusieurs fois la même au point que la colle ne prends plus, nous appliquons une technique empruntée aux moulage:

 
Dans une chute de chaque flûte (12mm de hauteur ) collée sur une planche avec de l'adhésif double face (pour que ça ne bouge pas et pour assurer l'étanchéité du fond du moule lors du coulage)
On coule du silicone de moulage souple (du RTV de rhodorsil RTV151  voir recherche google ) que l'on se procure dans les magasins de travaux manuels genre Rougié et Plé ou Adam.
Pas du silicone pour les baignoires et la plomberie (quoique certains Bricoleurs d'Orgue de Barbarie ont utilisé ça avec succès).
conditionné en pot d'un kilo en deux composants, le silicone épais comme du yaourt et le durcisseur en petit pot liquide comme de l'eau.

 

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Un pot d'1 Kg permet de faire tout juste les tampons de 4 orgues 27 touches ou 2 orgue 42 touches . On n'est pas obligé de les faire simultanément puisque l'on peut fractionner la résine et son durcisseur.

 

Une nuit de séchage et on obtient des tampons à la côte exacte et caoutchouteux. Ce produit de moulage par nature ne colle sur aucun support (même pas sur l'adhésif)

 

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Le choix de l'épaisseur de silicone recommandée (12mm) est un compromis!

Moins épais, la déformation peut être insuffisante pour l'étanchéité.

Plus épais, le fond du tampon en se compressant peut se réatracter donc allonger la longueur acoustique et descendre en fréquence un peu au dessous de la note visée initialement.

  

Lors d'expériences avec des épaisseurs plus importantes, on a vite pris l'habitude d'accorder un poil au dessus et en serrant on retombe exactement sur la fréquence juste après serrage.

Puis, on serre la pièce en silicone entre deux plaques (taillées légèrement en dessous des côtes et arrondies aux angles) avec une tige filetée ou une vis de 3 à 4 mm emmanchée sur un tourillon de manutention (qui sert de prolongateur pour le cas ou le tampon est profondément enfoncé dans la flûte). Un écrou inséré sur la plaquette inférieure empêche la vis de tourner dans le vide.  Lors du serrage le caoutchouc se gonfle et s'écrase sur les parois et assure une étanchéité parfaite, surtout dans les angles,  car leur côtes sont très exactement celles de la flûte même si elle est de forme losangée. Ces tampons permettent le réglage à l'avance comme à reculons plus besoin de sortir la peau pour reculer. C'est un gain de temps pour l'accordage qui devient très facile.

 

Une astuce qui m'est venue lors d'un changement de plaque fendue:

Les tampons glissent à l'avancement et en reculant mais avec une friction importante si l'écrou est encore relativement serré. Le réglage est beaucoup plus facile si on passe préventivement un chiffon enduit avec de l'huile silicone (donc compatible avec le tampon) sur le tampon et les cotés intérieurs du corps de flûte.

  

On desserre on avance ou on recule puis on resserre sans perdre en étanchéité.
Pour finir on visse une boule de laiton sur l'extrémité du boulon ; effet esthétique garanti.
plus de soucis de flûte explosée et réglages simplifiés et précis, étanchéité absolue que du bonheur pour l'orgue.
On sait ce n'est pas traditionnel mais c'est tellement plus facile...

  

 

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Ou encore.

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Il est conseillé de faire un repère pour ne pas inverser le tampon par rapport à la façade de la flûte, principalement si par malheur cette dernière est "losangée" et donc le tampon aussi.

Cette méthode est la plus économe en matière pour le silicone mais demande de prévoir une sur-longueur pour prélever un moule de la forme interne de la flûte.

 

Les plaques en bois ont tendance à fendre dans le sens des fibres. Pour éviter ces désagréments on utilise plutôt des plaques de plexiglas de 6mm d'épaisseur minimum, en dessous de 6 mm les plaques de plexyglas aussi peuvent se fendre.

 

La plaque inférieure est chanfreinée pour noyer la tête de vis fraisée et serrée avec un écrou qui est recouvert par le coussin de silicone. Cette disposition solidarise la vis et la plaque et empêche la vis de tourner dans le vide quand on visse ou dévisse l'entretoise. L'écrou marque son empreinte dans le silicone

 

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L'extrémité de la vis peut être décorée avec une boule en laiton filetée, on peut la remplacer par une boule en bois qui elle aussi peut être filetée ou non. Lorsque la boule est filetée elle est couplée à un tourillon percé pour faciliter l'accordage sans retirer complètement la boule.

 

 

Pour les tampons équipés d'entretoise longue, une fois la boule retirée, le tampon trop profond peut être atteint avec une clé à pipe. Cette disposition présente l'inconvénient de nécessiter le dévissage complet de la boule pour accorder. Une entretoise hexagonale  facilite la prise entre la clé et l'écrou de serrage à se procurer par les commandes groupées:

 

 

L'entretoise peut être remplacée par un tourillon percé lorsque la boule est filetée, cette solution est de loin la plus pratique et la plus économique pour l'accordage et les fournitures. On dévisse partiellement la boule en laiton ou la perle en bois filetée, on accorde, puis on revisse sans forcer, l'accordage des 27 flutes peut alors s'exécuter seul en 15 minutes.

On peut aussi repercer les entretoises qui ont servies avant de disposer des boules, on conserve alors la disposition esthétique mise en place.

Les boules en bois remplacent économiquement les boules en laitons qui sont devenues un luxe au vue des prix prohibitifs du laiton.

 

Avec des boules en bois on peut mettre un insert de 3 mm pour les petits diamètres et de 4mm pour les plus grosses boules pour pérenniser les filetages.

 

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Une astuce pour sortir le tampon trop enfoncé et que l'on ne peut plus attraper consiste à souffler dans la bouche de la flute une fois le tampon dévissé, la pression va le pousser vers son extrémité, si il est suffisamment dévissé...

 

Pour ceux qui envisagent de refaire leurs tampons avec cette technique alors que leurs flûtes sont déjà recoupées au plus juste avec des tampons ordinaires. Il existe une astuce encore plus simple que je viens de rajouter. L'idée vient d'Yves Audoin (un autre de mes stagiaires):

 

Après avoir cherché des méthodes de contre-moulage et tirage de la section interne de la flûte, qui sont logiques mais complexes à mettre en œuvre:

 

Verser le silicone dans un récipient type plat à tarte et une fois le silicone en place avec l'épaisseur requise il suffit de plonger les flûtes tête en bas dans le plat et de laisser prendre. le moulage sera parfait. Son seul inconvénient une perte relativement faible de matière si le plat est trop grand mais on peut optimiser avec des cales dans les espaces libres.

Les essais sont en cours les photos arriveront bientôt!

 

C'est typiquement le genre d'idées qui montrent qu'à plusieurs on est toujours plus efficace si on pense à les partager. On peut l'appliquer à un jeu neuf pour éviter de le raccourcir.

 

Les tampons en silicone ont une variante avec du tapis mousse récemment rajoutée suite à une idée d'Yves Audouin.

 

Une variante qui consiste à utiliser du tapis mousse et de le découper à la scie à ruban à une cote légèrement supérieure aux cotes internes de chaque flute. Il est également compressé par une vis entre deux plaques.

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L'avantage pas de temps d'attente pour le séchage et inutile de couper une chute dans le corps de flute.

Personnellement après essai la mousse perd son élasticité au bout d'un certain temps et donc son étanchéité surtout si on veut ré-accorder...

 

 

Un autre point non négligeable sur l'étanchéité d'une flûte:

Comment vernir l'intérieur d'une flûte? Les méthodes avec des tiges et des éponges de tailles multiples sont les astuces les plus couramment pratiquées.

 

Mais une méthode très simple et efficace nous est montrée dans cette vidéo d'une flute en violon dans la séquence entre  20' et 24' (déplacer le curseur de la vidéo si vous ne voulez voir que la séquence).

 

En remplissant le corps de flûte avec un fond dur ou un vernis et de la gomme laque sur la lèvre inférieure, comme dans cette  vidéo (spécifiquement entre 19'50" et  23' 00")

  

La méthode la plus simple pour vérifier l'étanchéité d'une flute après cette opération consiste simplement à souffler par le coté tampon sans avoir retiré le scotch qui obture la bouche pour vérifier l'étanchéité du corps de flute.

 

Les autres méthodes par recherche de passage de la lumière en regardant dans la flûte au soleil ou  en introduisant une source lumineuse dans la flûte et en l'observant dans l'obscurité ne détectent que les fuites directes et ne peuvent  pas détecter une fuite éventuelle en zig-zag (comme un trou de ver) toujours possible.

Elles sont donc compliquées et en plus inefficaces.

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03/10/2014
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