L'orgue de barbarie de Bernard et Philippe

Pour pouvoir montrer aux stagiaires toutes les modifications et astuces accumulées depuis l'origine du blog sur un orgue unique et conforme, il faut l'avoir déjà fabriqué.

Ce n'est pas le cas de celui que j'utilise actuellement (le 18/4/2024 jour du début de rédaction de l'article en brouillon avant parution).

Je le montre depuis décembre 2004 date de sa mise en service et depuis septembre 2006 il sert depuis le premier stage, même si entre temps, il a bénéficié de plusieurs des améliorations inspirées de nos propositions.

On ne peut pas toutes les lui appliquer pour des raisons structurelles.

je vais donc me lancer dans la construction d'un nouvel orgue qui en présentera le plus possible dans un but essentiellement pédagogique pour les futurs stages.

Concernant mon ancien orgue:

Dès l'origine il avait des VMT séparées, des tampons en silicone, une flute de pan à trous carrés.

Du point de vue structurel, il a conservé les défauts suivants:

- les VMT sont séparées des flutes et regroupées sur un distributeur volumineux façon boite à soupape,

- le distributeur est raccordé au collecteur par deux tuyaux annelés de 40 mm qui finissent par se fendre dans les creux et donc avec le temps et l'usure on va perdre de l'air et de la pression peu à peu, si ce défaut difficile à détecter, n'est pas surveillé, car il n'est visible qu'après démontage et écartement des plis en cause, 

- les clapets de pompes ne sont pas accessibles, il ne sera pas possible de faire un gavioli plus tard, l'air arrive par les conduits du battant.

Il ne correspond donc plus tout à fait à ce qui est recommandé en stage,

- Les basses sont raccourcis et empilées par 3 en hauteur et la 4° cachée derrière,

- le système de fixation des flutes de montre est compliqué et demande un démontage de l'ensemble des flutes, du distributeur, des conduits de commande et des basses pour accéder à chaque flute.

Par contre il a été amélioré sur les points suivants:

- les membranes des VMT étaient percées par un trou calibré à l'aiguille conique, les VMT ont été équipées de vis à pointes coniques de réglage, les répétitions et non répétitions sont plus faciles à obtenir,

- les ressorts initiaux étaient des ressorts en corde à piano enroulée en forme de compas qui grincent et fatiguent rapidement, ils ont été remplacés par des ressorts en boudin et réglage de la pression par barre sur charnière et écrou sur vis sans fin, la pression de départ et maximale sont réglables plus facilement et les plus proches et constantes,

- le système de réglage de pression à cran a été remplacé par un système à vis 

- le chemin des cartons et sa boite de presseur ont été équipés de vis de réglage latérale et verticale pour le positionnement de la flute de pan et les paliers des presseurs sont réglables,

- les éclisses de fond de réserve en carton ont été remplacées par des plaques en résine comme celles pour les supports de circuits imprimés d'électronique d'environ 5/10 de mm pour éviter le risque de renversement,

- les liaisons élastiques pour les bielles ont remplacées une liaison sur palier qui prend toujours du jeu,

Pour réunir et montrer cet ensemble de propositions, j'envisage donc de faire un nouvel orgue qui utilise le maximum de nos améliorations et qui sera présenté pendant les futurs stages.

Définition du projet:

- Un jeu unique de 29 bourdons, avec 5 basses à VMT accolés plus 24 flutes de montre à VMT intégrées.

- Des VMT sans chanfreins car trop difficiles à mettre en œuvre sans un outillage trop spécifique pour un résultat à peine audible.

- Une pression mini-maxi autour de 14 Cm d'eau.

- Une disposition en V pour les flutes de montre qui seront fixées par serrage des cotés et des basses allongées en façade pour occuper toute la largeur et hauteur comme l’orgue de Paul.

- un défilement de gauche à droite.

- des clapets démontables et accessibles qui libèrent le battant pour un éventuel futur Gavioli.

- Une  soufflerie avec distributeur intégré dans le collecteur et passage large, mais seulement 2 planches intermédiaires. 

- Un  chemin des cartons conforme aux dernières modifications. 

Je dois donc ajouter au minimum:

- des corps de flutes de montre partiellement en carton plume,

- les vannes tangentielles intégrées dans le pied de flute de montre,

- le distributeur intégré dans le collecteur,

- les  clapets démontables et accessibles pour les pompes,

- les basses en bois qui vont occuper toute la façade sur toute la largeur,

- le calage des flutes de montre par serrage latéral des cotés sans fixation ni démontage préalable, avec les intercalaires d'épaisseurs régulières qui renforcent le carton plume dans la zone du tampon pour éviter un gonflement et une déformation,

- les deux flutes 5 bis raccordé au canon 0 de la flute de pan et la 10 bis raccordée au canon 28 de flute de pan qui vont le rendre compatible avec le format 29 touches le plus pratiqué.

Si possible directement, mais aussi éventuellement pour plus tard :

- un gavioli

- une possibilité de  vibratos avec un trémulant fort à vent perdu, donc pas obligatoirement avec les palettes à l'arrière soulevée par une boursette gonflée par tremblant doux, mais plutôt un tremblant fort sur la réserve ou le distributeur. 

Un programme pour lequel une grande partie du matériel de la soufflerie et du chemin des cartons est déjà débitté et stocké en vrac pour servir de matériel pédagogique lors des précédents stages.

Je ne part pas de zéro mais il faut réfléchir, redessiner les plans et compléter une partie des fournitures.

Pour commencer je simplifie la présentation du diapason du blog en présentant deux tableaux réduits: 

- un pour les 5 basses en façade

- un pour les 24 flutes de montre

Tout d'abord pour éviter les confusions et mélanges de désignation j'ai adopté deux numérotations:

- une numérotation pour les tuyaux de commande entre la flute de pan et les vannes de 0 à 28 avec la correspondance des notes de musique qui conserve le numérotation d'un 27 touches standard:

- une numérotation pour les flutes correspondantes de 0 à 27 d'une part et je nome la flute ajoutée sur la touche 0 en 5bis car elle est branchée en 0 mais sa place est la N°5 dans les basses, dans la même logique la flute ajoutée en touche 28 est nommée 10bis car elle est commandée par la touche 28 mais sa place dans l'ordre de présentation dans l'ordre des flutes de montre est entre la N°10 et la N°11 ce qui  modifie la logique ancienne de flutes numéro paires d'un coté et les impairs de l'autre  mais leur présentation en forme de V les place ainsi:

Les 5 basses sont superposées et placées en façade ainsi:

5bis la plus haute et moins large

4

3

2

1 la plus basse et plus large

et pour la disposition des flutes de montre:

5 7 9 10bis 12 15 16 18 20 22 24 26 27 25 23 21 19 17 15 13 11 10 8 6

ou réciproquement

6 8 10 11 13 15 17 19 21 23 25 27 26 24 22 20 18 16 15 12 10bis 9 7 5

selon le choix de départ.

 Ce qui donne ce type  d'apparence:

à un détail près.

Cette photo est extraite de l'orgue de Paul. Une idée de Paul pour qui je l'ai appliqué pour la première fois quand j'ai fini son orgue après son décès. 

Dans cette photo, il y a seulement 4 basses et 23 flutes de montre. Il faut donc imaginer une 5° basse au dessus (ajoutée en traits rouge sur la photo) et une 24° flute fictive de plus dans le milieu de la montre (il n'y en a que 23 sur la photo). Je vais donc appliquer cette méthode avec 5 basses et 24 flutes de montre sur le collecteur.

Pour les flutes de montre les vannes sont intégrées.

Pour les Basses les vannes sont accolées donc séparées des flutes mais accolées par l'arrière pour les numéros 1, 2 et 3.

Pour les flutes numéros 4 et 5 les vannes sont accolées sur un coté et sont logées dans le vide de la flute de rang inférieur qui est dessous sur la gauche pour l'une et sur la droite pour l'autre.

Il est difficile de s'orienter et j'ai systématiquement été obligé de reboucher et repercer les passages de ces deux flutes basses.

Je ne peux pas encore faire une photo de mon projet puisqu'il est seulement en cours!

Mais cela correspond bien à l'idée que je veux mettre en œuvre.

Je modifie le Diapason méthode progression progressive+Ising d'origine pour les stagiaires et ceux qui envisagent de faire la même chose, en retirant ce qui n'est pas indispensable; car nombres d'entre eux se perdent devant trop d'informations et demandent qu'apparaisse seulement les flutes à construire et les cotes indispensables sans les calculs intermédiaires qui leur sont inutiles.

En effet il est conçu pour d'autre formats comme 42 ou 54 flutes sur 2 ou 3 rangs.

Donc je le simplifie et le sépare en deux tableaux distincts, un pour les basses et un pour la montre qui ne concerne que les 29 flutes à fabriquer, donc sans les flutes que l'on ne fabrique pas et sans les calculs intermédiaires inutiles, à l'exception de la longueur acoustique.

1) les  basses 1 à 4 plus celle que l'on nome la 5bis ou 0 pour la commande

Les cotes marqués d'une étoile * sont tiré du diapason Ising à progression progressive en y rentrant les constantes de construction adéquates pour les hauteurs de pied et épaisseurs des parois.

Le noyau de la flute N°1 qui a le diamètre d'alimentation le plus grand impose une hauteur de 50 mm, pour simplifier et l'esthétique tous les noyaux de ce tableau ont la même hauteur de 50 mm

une marge de réglage du tampon pour l'accordage estimée à 30 mm

un collage dans l'ordre traditionnel

Il manquera la chute pour le moule du tampon en silicone, car l'extrémité n'y est pas entière. Il faut donc appliquer la méthode du contre moule et moule à partir des noyaux.

le noyau numéro n, a pour dimensions Bn x Cn x 50

Les façades de flute avant biseautée qui occupent toutes la largeur de la façade de l'orgue à laquelle il faut retrancher une hauteur de noyau et la hauteur de bouche elles font donc 520 mm

Les cotes de planche arrière de fond numéro n sont Fn x En x10

les cotés numéro n font Fn x Cn x 5

la lèvre inférieure numéro n,  En x 50 x 10

Le siège de VMT numéro n fait Mn x Pn x 25

Le capot et la chambre de VMT numéro n font Mn x Pn x 10 

2) celui des 24 flutes de la montre de 5 à 28 plus une, celle qui se nomme la 10bis ou 28 pour sa commande.

Ces flutes sont à VMT intégrées  

Ces cotes permettent d'avoir:

la même hauteur de noyaux D = 62 mm

la même épaisseur des cotés de 5 mm

les intercalaires d'espacement de 2mm de chaque cotés de chaque flute

la même épaisseur des fonds de 10 mm

une marge de réglage du tampon pour l'accordage de l'ordre de 30mm

un collage dans l'ordre traditionnel; fond plus les cotés et le noyau, puis face avant après ponçage.

la chute pour le moule du tampon en silicone après raccourcissement.

le noyau numéro n a pour dimensions Bn x Cn x D

La façade avant biseauté numéro n fait Gn= Fn - D - H

La façade arrière de fond numéro n fait Fn x En x10

les cotés numéro n font Fn x Cn x 5

les lèvres inférieures numéro n font 62 x En x 10

Les capots et les chambres de VMT font 62 x En x 10 

Les plans sont revus pour quelques corrections mineures.

Ordre de construction :

On commence par les flutes!

Avec les deux tableaux de flutes, je peux passer au débit des façades et cotés, celui des noyaux, des sièges des VMT des basses, des chambres et capots de toutes les VMT, de toutes les lèvres inférieures.

La matière est fonction du choix selon que l'on fait tout en bois ou si on utilise du carton plume pour une partie.

Pour le débit des noyaux  j'ai du poirier et du chêne, pour les lèvres inférieures du buis.

Lors du débit des noyaux il faut aussi débiter des cales de même profil pour le collage des corps de flutes surtout pour les plus longues qui en demandent plus d'une.

Pour le débit des façades, j'ai du lambris de pin (avec nœuds) pour les façades avant en 10 mm d'épaisseur, donc pas besoin de raboter.

Mais il faut quand même faire sauter les feuillures, languettes et arrondis en long et les abouts de travers, puis tailler et poncer le biais des lèvres supérieures des façades avants, toujours plus courte que les façades arrières pour tenir compte de la hauteur de bouche et du noyau.

On fait ensuite sauter tous les nœuds éventuels.

Ensuite, on sélectionne d'abords les plus grandes longueurs pour les basses puis, les suivantes vont servir aux façades des flutes de montre.

les chutes vont servir pour faire les chambres et capots de VMT. Ces dernières sont toutes en 60 mm de long et 10 d'épaisseur la largeur ( cote E du tableau) est celle de la façade de flute en fonction de son numéro. 

Pour le débit des cotés des basses, j'utilise du contre plaqué en 5 mm d'épaisseur car ils dépassent les 70 Cm longueur maximum de mes feuilles de carton plume.

Les flutes de montre peuvent avoir éventuellement des cotés en bois, mais je vais les faire en carton plume de 5 pour alléger.

Le fond lui aussi en carton plume mais en 10 mm, les façades avant des flutes de montre sont toujours en bois de 10mm pour l'esthétique et l'impossibilité de faire la pente de la lèvre supérieure dans un carton plume. 

Les 5 basses débitées avant collage

Le bois des flutes de montre face avant, noyaux cales, buis pour les lèvres:

les tampons seront coulés en utilisant les cales de noyaux dans un contre moule de résine puis après séchage et avoir retiré les cales, avec le silicone coulé dans les vides obtenus rigoureusement égaux aux sections intérieures des corps de flute.

Le total largeur des noyaux est théoriquement de 418.0 mm, ma largeur réelle, mesurée quand ils sont resserrées cotes à cotes, est de 422.0.

Une erreur cumulée de 4 mm soit en moyenne 0.16 d'écart, parce qu'au moment de la coupe je vise toujours une cote un peu plus forte pour pouvoir ensuite réduire. 

Je dois avant collage recalibrer ceux dont les cotes ont les plus forts écarts en excès pour me rapprocher de la cote cumulée théorique et penser bien sur aussi à recalibrer simultanément les cales correspondantes.

Il y a 5 noyaux de flutes qui sont plus larges que prévu. Après réduction de 15 à 5 dixièmes de millimètres selon besoin, je retrouve une largeur cumulée pour l'ensemble de 418,0 . On va s'en contenter. 

Le total de la largeur des façades est théoriquement de 658 mon réel est de 670 mais ces sur largeurs  seront poncées plus tard après collage, pour me rapprocher du total théorique.   

Ensuite quand tout le bois et le carton plume est débité ont colle d'abord les flutes de montre car leur largeurs cumulées vont déterminer la longueur du collecteur qui conditionnel la longueur des façades avant des flutes basses. Car même si on peut déjà la prévoir par calcul les petites erreurs cumulées comme les épaisseurs de colle et les ponçages éventuels vont sensiblement apporter des décalages. 

Pour totaliser les largeurs des flutes de montre il faut également tenir compte des intercalaires d'espacement dont le rôle est d'avoir automatiquement  un intervalle constant et égal mais aussi un parallélisme rigoureux.

Les intercalaires sont en plastique transparent, ils font 2 mm d'épaisseur une largeur égale à la profondeur de chaque flute et une longueur de 50 mm .

Ils sont collés de chaque cotés des flutes de montre au niveau de la zone du tampon. 

Il y en aura aussi un en bas de chaque coté des flutes pour obtenir le parallélisme mais de 10 mm sur la hauteur seulement au lieu de 50 et collé au niveau bas du pied. 

Ainsi disposés, ils vont aussi renforcer la résistance à l'écartement des parois au niveau du tampon et éviter une déformation des cotés en carton mousse lors du serrage.

Donc une fois collées les flutes de montre disposée cotes à cotes sans intervalle doivent avoir un total théorique de 658 mm.

Les intercalaires de 2mm de chaque coté vont allonger de 2x2x24 soit 96 mm

Pour un total de 658+96=754 mm ce qui est très proche des 753 du plan de collecteur, donc de l'espace entre les cotés qui doivent les serrer en se rapprochant. 

Les intercalaires transparents ne seront collés qu'après ponçage des flutes de montre.

Pour s'adapter à cette largeur réelle, on va éventuellement allonger ou raccourcir le collecteur pour jouer sur les écarts entre les grands cotés de l'orgue et la première et dernière flute qui vont être serrées par l'élasticité des grands cotés et réciproquement relâchées quand on dévisse les cotés.

Ce système de fixation dispense justement d'accessoires de fixation et il permet un démontage individuel de chaque flute de montre rapide sans démontage préalable d'une autre partie de l'orgue.

Une idée nouvelle et personnelle montrée depuis la finition de l'orgue de Paul.

Là aussi je l'ai appliqué pour la première fois donc ici pour la deuxième fois et j'en suis assez satisfait. 

En fait pas besoin de chercher une méthode complexe ou inesthétique de fixation un simple serrage des cotés sur un tasseau de repos suffit pour les fixer et un léger dévissage d'un coté permet de les démonter individuellement mais toutes, en l'absence du serrage. 

Avantage global de cette méthode les flutes sont parfaitement réparties, alignées, parallèles et maintenues en place solidement après serrage. 

Un petit souci de fixation des capots et chambres de VMT comme de la lèvre inférieure m'a préoccupé à cause de la matière du carton plume qui ne peut résister aux vis, mais seulement d'intercalaire entre deux parties en bois plus résistant mécaniquement. La solution est venue naturellement après une réflexion et quelques croquis.

La méthode s'inspire de celle pour faire la flute de stage en carton plume:

Les fixations de la lèvre inférieure et du capot de VMT utilisent deux longueurs de tige filetée qui traversent dans le coté en carton plume (pour les flutes étroites) ou dans le noyau ( pour les flutes plus larges).

Ils sont d'une part visées dans le bois de la lèvre inférieure (sans traverser) et serrent le capot de VMT par deux écrous et rondelles du coté opposé, le fond.

De cette manière on réduit aussi la quincaillerie

L'aspect en façade , deux petits points sur la lèvre inférieure si on traverse la lèvre inférieure avec un aspect bois traditionnel. On peut aussi ne pas traverser pour éviter cet inconvénient esthétique surtout si on ne dispose pas ces trous sur un alignement rigoureux.

 L'aspect d'une flute de montre en carton plume