Après avoir répondu à une question posée en fin d'un stage je viens de faire un article sur le sujet " définir son projet". C'est à dire quelles sont les questions à se poser avant de se lancer dans les modifications d'un plan existant ce qui est le préliminaire avant de se lancer dans l'exécution à l'atelier:
Mais immédiatement dans la foulée une autre question arrive...
quelle est la chronologie d'exécution? Ce qui est un autre problème et l'objet de cet article.
La réponse à cette dernière question est aussi principalement l'objet du stage.
Il faut commencer par les flûtes de la montre, car mises cote à cote plus les intervalles d'écartement elles permettent de fixer la largeur du collecteur.
Si un deuxième jeux de flutes est envisagé il faut élargir le distributeur et par voie de conséquence celle du collecteur et donc la largeur et profondeur de l'orgue lui-même pour placer ce deuxième jeu.
Pour les flutes avec Vanne incorporée les parties à fabriquer sont:
les cotés et façades
les noyaux à vannes intégrées avec le siège de la vis pointeau en tube évasé ou rivet pop
les lèvres inférieures plate et intercalaire papier ou creusées et à limées pour obtenir les lumières
le capot et la chambre des vannes (en deux parties) et les inserts avec la vis pointeau
les membranes
Il faut d'abord choisir son bois il y a un article pour ça qui dit d'ailleurs que la nature du bois n'a aucune importance.
On débite dans les planches disponibles en fonction des longueurs résultantes du bois éventuellement raboté et coupé dans du lambris après suppression des nœuds, des chanfreins et des languettes .
On choisit les planches en commençant par les basses en sélectionnant les parties les plus esthétiques pour les façades visibles.
Les chutes seront de plus en plus petites et utilisées en fin pour les lèvres inférieures, les sièges de basses, capots et chambres des VMT.
Puis il faut coller tout çà. On peut commencer dans l'ordre des plus longues vers celles les plus petites.
Une fois les flûtes collées on peut égaliser les longueurs en gardant encore de la marge.
Une première coupe de 12 à 15 mm est mise de coté pour faire les moules de tampons.
On prépare les vis, les plaques et la vis avec son écrou et son entretoise pour faire les tampons.
il reste alors à intercaler des feuilles de papier, dans les lumières, pour faire sonner les flûtes et obtenir une relative égalité de puissance sonore entre toute les flutes d'un même jeu en pratiquant l'harmonisation par réglage en lumière
Pour tester les lumières on peut faire sonner les flûtes en soufflant avec la bouche.
Mais ce n'est pas recommandé! On peut plus surement tester avec un dispositif de production d'air comme la pompe pour les essais et tests sans manivelle ni moteur celle de JCA :
Puis on doit obtenir que chaque vanne ouvre et ferme, surtout qu'aucune flute ne doit "chuinter" sous pression alors que le capillaire est bouché en réglant le débattement des membranes. On cherche également à augmenter la puissance sonore en facilitant l'arrivée de l'air en creusant la membrane sans aller jusqu'à une déformation trop grande qui génère un effet de voute.
Le premier cadeau d'un orgue c'est le silence!
On approche ensuite l'égalité des temps d'ouverture et temps de fermeture pour les répétitions de chaque flûte en jouant sur les vis de répétitions.
Pour ce faire on utilise d'abord le doigt, mais par la suite les cartons de répétition et de non répétition.
ensuite on peut attaquer soit la soufflerie soit le chemin des cartons!
Je pense qu'il faut continuer avec la soufflerie car pour tester les flûtes il faut de l'air, et disposer du chemin des cartons ne permet pas de progresser, car sans air on ne saura rien.
On commence par le collecteur en fonction des flûtes.
Puis la réserve bois et cuir, puis les nez et le bois des planches des pompes, le cuir des soufflets, des joints d'étanchéité et clapets et les éclisses en carton.
Puis le vilebrequin et ses supports sans oublier les bielles et ressorts pour finir par la manivelle et les poulies.
Le critère essentiel à tester est la pression et sa stabilité entre les mini et maxi de la position du battant de réserve ainsi que l'absence de fuites. Il faut au moins obtenir le maintient de la pression le plus longtemps possible en observant une montée en pression rapide, 2 tours de manivelle maxi et un dégonflage de la réserve le plus lent possible en présence des ressorts, mini 5 secondes.
Donc pour finir la dernière partie sera le chemin des cartons
Arrivé à ce moment on va passer à l’assemblage des trois parties après les tests ou pré-requis indispensables pour chaque partie.
Une fois assemblé et après avoir résolu les problèmes de flutes récalcitrantes il faut supprimer les bruits intempestifs
On peut alors passer au réglage des répétitions avec le carton de répétition.
Influence du diamètre du trou de fuite sur les temps de réponses en ouverture et fermeture
Dans le cas du carton pneumatique un « petit pont » de longueur inférieure à un minimum n'entraîne pas de coupure et la flûte joue en continu sur une suite de petits ponts. Le mode de réglage des répétitions est fonction des caractéristiques conjointes du relais et de la largeur de la flûte de pan qui doivent permettre de couper sur un pont et ne pas couper sur un petit pont. Les petits ponts des cartons pneumatiques font généralement 1.5 mm et les ponts normaux font 3.8 mm.
L'augmentation de la longueur (dans le sens du défilement) de trou de flûte de pan allonge le temps d'ouverture donc d'émission d'un son et il existe, d'un coté, une longueur de trou minimum pour la Flûte de pan pour permettre l'émission d'un son et pas de coupure sur petit pont, et de l'autre, un maximum, pour conserver une coupure sur « pont normal». Les noteurs sont donc obligés de faire un compromis pour obtenir une répétition sur des orgues de qualité moyenne et de ne pas pousser à la limite des possibilités techniques. D'un autre coté les facteurs d'orgue doivent au minimum obtenir ces répétitions pour un carton type (généralement offert par les noteurs à leurs clients) dont les trous de 3mm de long sont séparés par des ponts normaux de plus de 3mm généralement de 3.8mm. Donc une répétition tous les 6.8 mm ce qui correspond à 8.8 répétitions par seconde.
Puis des non répétitions:
Il faut aussi ne pas couper sur les petits ponts, voir l' article sur les non-répétitions.
Ce problème ne se règle pas avec les vis de répétitions mais est fonction de la profondeur dans le sens de défilement du carton des trous de la flute de pan (de préférence à trous carrés)
En général dès qu'un carton semble sonner les constructeurs amateurs passent rapidement et prioritairement au décor de l'orgue. Alors qu'il y a encore toute une phase indispensable, longue et difficile, même avec un orgue qui est joliment décoré et qui "semble" jouer un carton de façon satisfaisante.
Il faut alors harmoniser et stabiliser le tout en supprimant les bruits intempestifs.
Cette phase est souvent négligée et fait la différence entre un orgue réussi et ce que les constructeurs nomment "un bouzins" ou ce que Michel Fischer appelait une "caisse à savon".
Si on arrive à une incompatibilité il n'y aura pas tout à recommencer mais une partie ou l'autre et on choisira celle qui demande le moins de travail...
Donc une fois arrivé là il y a encore:
le décor de l'orgue et seulement après la stabilisation,
la charrette,
les tiroirs de cartons,
les cartons,
Mais c'est volontairement que je n'en parle pas de suite, pour ne pas vous décourager...