L'orgue de barbarie de Bernard et Philippe

Supression des bruits intempestifs par harmonisation, réglages et stabilisation

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Avant de jouer en public le premier cadeau d'un orgue c'est le silence!

 

Il s'agit là d'une phase importante dans la construction d'un orgue mais souvent négligée!

Je n'ai jamais vu d'article sur le sujet dans les nombreux sites et blogs des BOB qui abordent la construction d'un orgue de barbarie, ce qui n'est pas surprenant au regard des difficultés à l'expliquer.

Il est présupposé que l'assemblage final a été fait conformément à l’article qui vous donne aussi la méthode pour gérer les flutes récalcitrantes.

 

Elle comporte des étapes coordonnées, réalisées à la fois simultanément et successivement. Elles s'influencent les unes sur les autres. On doit donc boucler plusieurs fois par approches successives de l'harmonisation et des réglages.  Puis on  passe à la suppression des bruits et enfin à la stabilisation du résultat. C'est un peu comme l'histoire du serpent qui se mord la queue! Même un orgue parfait se dégrade avec le temps, le temps qui passe et le temps qu'il fait! il y a toujours un moment où il faudra renouveler cette phase.

 

De plus elle ne se comprend que par la pratique et est très difficile à mettre en œuvre mais aussi et surtout à expliquer clairement.

 

Ce travail doit être exécuté une première fois avant la mise en service mais aussi renouvelé à l'entretien chaque fois que nécessaire, puis enfin stabilisé pour allonger sa durée d'efficacité.

 

J'ai plusieurs fois réordonné et restructuré cet article pour lui donner un ordre logique, il est aussi le résultat de plusieurs années de pratique et de transmission auprès des stagiaires.

Cette phase fera toute la différence entre un orgue correct et ce que  Michel Fischer appelait une "caisse à savon" et ce que les BOB appellent un "bouzin"...

 

Cette phase dans la construction d'un orgue de barbarie est grandement facilitée par les options préconisées dans ce blog avec par exemple les flutes à vanne incorporées et les vis de réglage qui sont individuelles et bien d’autres. Donc une action sur l'une d'elles ne perturbe en rien le fonctionnement des autres et une fois réglée on passe à la flute suivante.

 

En général dès qu'un carton semble sonner le constructeur amateur passe rapidement et prioritairement au décor de l'orgue. Alors qu'il y a encore toute une phase indispensable, longue et difficile, même avec un orgue qui est joliment décoré et qui "semble" jouer un carton de façon satisfaisante.

 

 

 

Harmonisation

 

L'harmonisation est un ensemble d'interventions complexe à définir et à exécuter par itération.

 En supposant que préalablement le constructeur amateur d'un orgue de barbarie possède au moins un jeu de  flûtes harmonisées pour la pression que la soufflerie est capable de fournir, le moment critique du passage du premier carton (ou du premier fichier midi), ne semble plus très loin.

 

Il faut aussi obtenir une égalité de puissance sonore entre les flûtes en jouant aussi sur l’alimentation en air, avec les vannes à membrane cet aspect est pris en compte de construction avec les diamètres adaptés selon les diapasons recommandés sur ce blog.

On peut cependant réduire le diamètre d'une flûte trop brillante par interposition d'un manchon, mais pas l'augmenter...

 

Il faut auparavant vérifier le  contenu harmonique donc avec un outil informatique et simultanément égaliser le volume sonore global et relatif entre les flûtes.   De plus l'utilisation de l’oreille comme outil d'analyse du volume avec ses imperfections propres à chacun est par définition subjectif.

Car un résultat jugé parfait pour l'un, peut être différemment perçu par quelqu'un d'autre à cause des diagrammes de Fletcher.

 

On peut, ou on doit, quelquefois aussi jouer sur  l’état de surface du couloir avant la lumière.

 

Ou sur le vortex avec les dents et entailles, la hauteur de bouche (avec des flutes phicophones, c'est possible).

 

 

Suppression des bruits intempestifs

 

 

Évidemment même si cet objectif a été atteint à l'état neuf avant le premier carton, au bout d'un certain temps, l'usure et la fatigue peuvent provoquer ces bruits intempestifs que l'on ne détecte plus, puisque l'oreille s'est habituée progressivement à ces changements qui ne sont détectables que dans les moments de silence...

 

Le premier cadeau d'un orgue c'est le silence.

Ce silence que l'on doit obtenir lorsque tous les trous de la flûte de pan sont obstrués par un carton, que la courroie est retirée et que l'on tourne la manivelle. car bien avant de vérifier que les flûtes vont chanter, puis répéter sur un carton de répétition avec des grands ponts, puis ne pas couper sur les petits ponts d'un carton de non répétition.

On doit obtenir:

 

1) surtout qu'il n'y a aucune flûte qui sonne.

ni de flûte qui chuinte, donc qui joue faiblement mais en continu comme un bourdon de cornemuse. Ce qui démontre que toutes les membranes (ou les autres systèmes d'obturation) sont parfaitement étanches. 

 

2) Il ne doit pas y avoir non plus trop de bruits intempestifs comme:

- du souffle important à la soupape de la réserve qui justement fuite au maximum puisqu'il n'y a pas de consommation d'air

- des claquements ou vibrations des clapets

- des claquements des bielles sur le battant ou l'axe de vilebrequin

- des grincements dans les paliers des axes tournants du vilebrequin ou de la manivelle

- des frottement entre les bras du vilebrequin et les montants

- des claquements des relais d'un système midi éventuel qui vont faire un bruit de castagnettes audible même lorsque les flûtes jouent

- des grincements des ressorts en compas qui glissent aux changements de pression.

- pas de  wouaps ce bruit caractéristique au passage des plis d'un carton.

 

Cet objectif doit être atteint initialement pour la première mise en service. De plus il faut conserver cet état le plus longtemps possible pour ne pas avoir à réviser l'orgue avant chaque sortie, ça nous fait déjà beaucoup de conditions et de finitions avant de passer à la suite.

 

pour

1) les flutes qui sonnent

- la membrane (lorsqu'elle est en cuir et trop déformée) a une tendance à conserver une forme de voute, on peut placer un ressort (très léger) dans la chambre, ou assouplir la membrane, la remplacer etc...

 

1) les flutes qui chuintent 

les causes de chuintements des flûtes dont les vannes ne ferment pas parfaitement, proviennent généralement des membranes en raison:

- des plis parce qu'elles sont  trop déformées, il faut alors la remplacer ou la retendre

- d'un copeau ou une poussière entre le siège et la membrane, il faut alors démonter et nettoyer

- la pression est insuffisante parce que les ressorts sont fatigués ou mal réglés, vérifier avec le pèse-vent

- la membrane est neuve parce qu'on vient de la remplacer et demande à être "moulée" sur le siège, on débranche le tube correspondant de la flûte de pan et on souffle/aspire jusqu'à obtention du moulage ou on donne un petit coup de surpression sur la réserve

 

 

Mais aussi d'autres parties comme:

- le conduit entre la Flûte de pan et la soupape (ou la vanne) qui doit être étanche. Si on souffle dedans depuis l'extrémité provenant de la vanne en bouchant la Flûte de pan on doit sentir un blocage)

- à contrario, l'air du conduit capillaire, régulé par la vis,  arrive bien et donc qu'au contraire, il n'y a pas d'obstruction dans cette partie. Si on souffle dedans l'air passe librement sans freinage (on compare par rapport aux autres).

 

Mais j'ai aussi rencontré des  cas récalcitrants qui après la vérification de toutes ces causes fuyaient encore. Le problème alors trouve une solution dans un autre domaine...

Des fuites du bois dans le noyau du pied qui par nature n'est pas étanche entre le conduit d'arrivée et celui qui conduit vers la flûte. La solution une couche de fond dur sur toutes les surfaces et les joints de collage qui peuvent conduire à laisser passer de l'air entre les deux.

 

Pour 2) les bruits intempestifs ont pour origine:

 

- le souffle à la soupape, il faut des dimensions suffisantes (minimum 50*50 mm) sinon la vitesse de sortie de l'air est trop grande et c'est ce qui produit un sifflement.

 

On peut aussi placer un "étouffoir" dans ce genre:

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Le capot perméable en H permet d'étouffer les bruits d'échappements

 

La solution radicale c'est le gavioli. Il n'y a plus de soupape sur la réserve donc plus de fuite. En plaçant des soupapes de surpression sur chaque battant, il n'y a alors plus de bruit d'échappement à la sortie de réserve et l'effort pour tourner la manivelle est réduit surtout en l'absence de consommation d'air.

Les soupapes sont d'une conception différente et placées sur le battant entre la pompe en compression et permettent le passage vers la pompe en aspiration.

Cette disposition implique que les clapets de pompes sont démontables ou accessibles.

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- des claquements de clapets

il y a les clapets d'entrée de pompe et les clapets de réserve:

Les clapets de pompes étaient auparavant, généralement sur le battant, et donc difficilement accessibles en cas de problème sur les clapets. Il fallait alors décoller le cuir des pompes pour accéder aux agrafes qui sont démontables mais quasi impossibles à repositionner car les fenêtres d'accès ne permettent pas de placer une agrafeuse. Heureusement ce cas est assez rare mais peut se présenter!

Cette solution prise en compte dans les derniers plans a été modifiée justement pour éviter d'avoir à décoller les peaux de pompes.

 

      avec l'entrée sur la tranche et les clapets sur le battant ancienne solution abandonnée                                 

 

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ou  les  clapets démontables et accessibles qui ne sont plus sur le battant

 

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Si vos clapets sont accessibles ou/et démontables la solution est la même mais bien plus facilement en ne démontant rien d'autre que le clapet lui-même sur la trappe d'accès pour celui qui est démontable ou pour celui sous le collecteur en démontant la pompe pour accéder à celui qui est dit accessible..

 

Si vous avez construit vos pompes avec un gavioli il y a bien des clapets de surpression sur le battant mais ils ne nécessitent pas de décoller le cuir puisqu'ils sont visitables et remplaçables en démontant seulement la trappe du clapet d'entrée de la pompe inférieure qui lui est démontable.

 

pour les clapets de réserve il faut démonter la réserve et les retendre.

Trop tendu le clapet va vibrer au passage de l'air et provoquer des sifflements et bruits parasites.

Trop lâche il fait des plis et n'assure pas un contact régulier et il laisse passer l'air vers l'arrière.

Comment juger du juste ni tendu ni détendu?

Il suffit de plaquer le clapet avec une cale en bois sur le support où il doit être fixé. Il est alors posé à plat sans tension ni plis, reste à l'agrafer ou le fixer avec des punaises dans cette position.

 

- des claquements des bielles sur le battant ou l'axe de vilebrequin

L'utilisation de paliers en bronze fritté ou ordinaire ne donne pas satisfaction car l'apparition rapide d'un jeu non compensé  génère des bruits parasites insupportables. Si cette solution est retenue il faut fendre le palier et le serrer plus ou moins pour compenser le jeu éventuel (comme dans les filières dans le tourne-à-gauche) et compenser périodiquement l'usure.

 

Les claquements des bielles sur le battant sont facilement résolus en utilisant les paulstras ou liaison élastiques en remplacement de la solution habituelle de l'axe fixé soit dans l'épaisseur du battant (qui de ce fait est assez fragilisé) ou par l'intermédiaire d'une pièce rapportée sur le battant, pour éviter de l'affaiblir.

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Notre solution simple et élégante l'utilisation de paulstras ou liaisons élastiques du même type que la fixation de nos pieds de mâts de planche à voile dont la souplesse et la durabilité ne sont plus à prouver.

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- des grincements dans les paliers des axes tournants

 

deux solutions:

remplacement des paliers par des roulements à billes si ils restent démontables (donc pas pour l'articulation vilebrequin/bielle).

Ou dans le cas de palier directement bois sur métal, sans jeu qui génère le bruit, mais sans serrer ce qui freine l'axe de vilebrequin et augmente l'effort à la manivelle, la solution miracle c'est une goutte d'huile ou un graissage de temps en temps. Voir l’article charnière articulations et paliers.

 

- des  claquements des relais d'un système midi qui sont plus forts que le volume des flûtes

Un aspect souvent négligé par les constructeurs amateurs qui utilisent les systèmes électroniques en remplacement des cartons mais qui se préoccupent plus du prix des solénoïdes ou des électro-vannes que des claquements indésirables.

Lorsque l'on se les fabrique soi-même il est utile d'intercaler un amortisseur en feutre par exemple qui comme dans les touches d'un piano amortissent les contacts métalliques violents.

 

 

Un exemple en vidéo du  premier cri du 42 touches de Bernard! il restait encore quelques défauts à maitriser...

 

 

 

 

 

Réglages

Ensuite et seulement après ces précautions on peut passer à la suite!

 

Lors des rencontres, rassemblement ou festivals un constructeur amateur, très fier de son orgue se retrouve bien déçu quand il demande un avis à la communauté présente et qu'au lieu de passer un carton d'une chanson on passe les cartons tests de répétitions et de non répétition plus objectifs que l'écoute à l'oreille, le propriétaire découvre quelques fois qu'il a des flutes qui jouent plus ou moins fort, des basses poussives, des flûtes qui répètent avec un temps ouverture/fermeture inégal c'est à dire plus ouvert ou plus fermé, ou encore qui répètent sur les petits ponts, etc...

 

Il faut régler la lecture des ponts, petits et grands, puis la vitesse de répétition.

 

les réglages des  non répétitions tout en conservant un équilibre des puissances sonore entre les flutes.

 

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Dans le cas du carton pneumatique un « petit pont » de longueur inférieure à un minimum n'entraîne pas de coupure et la flûte joue en continu sur une suite de petits ponts. Le mode de réglage des répétitions est fonction des caractéristiques conjointes du  moteur et de la dimension dans le sens du défilement du carton pour les trous de la flûte de pan qui doivent permettre de couper sur un pont et ne pas couper sur un petit pont. Les petits ponts des cartons pneumatiques font généralement 1.5 mm et les ponts normaux font 3.8 mm.

L'augmentation de la longueur (dans le sens du défilement) de trou de flûte de pan allonge le temps d'ouverture donc d'émission d'un son et il existe d'une part, une longueur de trou minimum pour la Flûte de pan pour permettre l'émission d'un son et pas de coupure sur petit pont.

D'autre part il existe un maximum, pour conserver une coupure sur « pont normal».

Les noteurs sont donc obligés de faire un compromis pour obtenir une répétition sur des orgues de qualité moyenne et de ne pas pousser à la limite des possibilités techniques. D'un autre coté les facteurs d'orgue doivent au minimum obtenir ces répétitions pour un carton type dont les trous de 3mm de long sont séparés par des ponts normaux de plus de 3mm, généralement de 3.8mm. Donc une répétition tous les 6.8 mm ce qui correspond à 8.8 répétitions par seconde. 

 

 

réglage des répétitions

 

Une vue d'un carton de répétitions pour orgue pneumatique:

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Généralement je prépare un carton d'essai pour les stagiaires sauf en cas de pénurie de carton à la bonne largeur (j'ai toujours plus de carton pour 42 t que pour 27 t mais le recouper en longueur n'est pas facile sauf à construire une machine spéciale pour calibrer la largeur)

 

Pour mémoire ces cartons sont fournis gratuitement par votre noteur favori, sauf si vous avez une perforatrice et du carton mais il faut alors choisir correctement les paramètres pour les perforer.

 

J'ai vu quelques fois des cartons de répétitions conçus pour tricher et qui allongent les grands ponts pour être certain du fonctionnement des répétitions ce qui est une autre manière de résoudre le problème, mais pas la bonne! Quoique, un tel carton permet un premier calibrage pour débuter la procédure mais il faudra en phase finale utiliser le carton avec des grands ponts standards de 3.8 mm quand même par la suite.

 

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 Il faut simultanément conserver l'égalité de niveau sonore.

 Cet équilibre de puissance est une combinaison entre:

- la pression qui est fixe mais qui justement doit être maintenue à une valeur connue et même gravée sur l'orgue.

- l'épaisseur de la lumière que l’on fait à la lime dans la lèvre inférieure que l'on ajuste à l’oreille et que justement on ne peux pas vernir ou traiter, pour la stabiliser, avant d'avoir terminé cette phase parce qu'on va encore l'augmenter ou la rétrécir.

- la qualité de surface du noyau et de la lèvre inférieure dans le canal avant la lumière qui doit être d'un poli le plus lisse

- le diamètre d'alimentation de chaque arrivée en pied de flûte (fixée par le diapason avec le diamètre de la vanne à membrane et que l'on peut seulement diminuer)

- le diamètre du trou capillaire dans la membrane ou le réglage de la vis de répétition de la vanne que l'on ajuste aussi à l'oreille.

 

Modifier la puissance sonore par l'épaisseur de la lumière va aussi influencer les réactions sur les répétitions! On va donc approcher par tâtonnements successifs jusqu'à un résultat acceptable pour l'ensemble des paramètres. Car la résolution d'un paramètre peut déplacer l'équilibre et en perturber un autre qu'il faut alors régler une nouvelle fois.

 

Avec la fatigue et l'énervement on peut alors se tromper de sens de correction et mettre la pagaille au lieu de se rapprocher de l'équilibre...

Il faut des nerfs solides, de la patience et travailler avec méthode. La réflexion doit prendre le pas sur l'action. Comme je dis souvent la construction d'un orgue ne pose pas de difficulté majeure à un bricoleur moyen mais c'est surtout une somme de détails et le moindre oubli peut tout compromettre.

 

 On règle la puissance sonore de la flûte en jouant "in fine" sur l’épaisseur de la lumière.

Cette puissance sonore est une combinaison entre la pression de la réserve, l'épaisseur de la lumière, la hauteur de bouche, l'état de surface du noyau et de la lèvre inférieure, le  diamètre d’alimentation de la flûte mais aussi notre  perception qui est différente selon les fréquences et selon notre âge...

 

 

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 et simultanément on règle les répétitions pour chaque flûte et sa vanne en jouant avec la vis de réglage ou le trou capillaire comme indiqué dans le diagramme ci-dessous:

 


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 Cette phase peut prendre plusieurs jours de corrections un exemple en vidéo du  résultat du même orgue en midi 27 notes pour juger du détaché des notes et de l'équilibre entre les basses et les aigües:

 

 

 

Il est important de comprendre que la non répétition est un problème de profondeur des canaux de la flûte de pan et non pas de la vis de réglage des répétitions.

Si vous n'êtes pas convaincu fabriquez des  flutes de pan avec des canaux plus profonds 4 mm et une autre avec des canaux moins profonds 2 mm et écoutez les conséquences et les différences sur les cartons tests et ordinaires...

 

les répétitions sont liées au temps d'ouverture et de fermeture des vannes qui sont elles un équilibre entre la rapidité d'ouverture et de fermeture qui est lié à la section du capillaire de la vanne donc du diamètre du trou si il est fait à l'aiguille conique ou du réglage d'ouverture du capillaire par l'intermédiaire de la vis de réglage conique des vannes à membrane indifféremment tangentielle ou concentrique.

 

il faut aussi le moins de pertes de charge possible entre la mise à l'air libre entre la vanne et le trou du carton c'est à dire sur le tuyau de commande dont le diamètre est fixé à 4.5mm (donc une section de 16mm²) et donc il ne reste à jouer que sur la sinuosité du parcours qui doit éviter les coudes trop serrés. Les différences de longueur n'influencent pas les répétitions j'ai fais fonctionner des flutes à vanne intégrée avec un tuyau de 10 m sans différence audible avec les tuyaux les moins longs (20 cm). Car l'information sur l'état du contact carton /flûte de pan qui est ouvert ou fermé est transmise à la vitesse du son dans le tuyau de commande.

Les canaux de la flûte de pan doivent donc principalement être reliés aux canons d'emboitement des tuyaux de commande avec une section supérieure à la sortie soit 9mm².

 

Accordage

C'est juste avant de le stabiliser que l'on peut enfin l’accorder!

 

Pour accorder après ces vérifications il faut un  accordeur et savoir s'en servir pour passer à l'accordage!

Plusieurs cas selon le type d'orgue et flûtes ou anches:

 

- Pour des anches comme les harmonicas ou les accordéons, mieux vaut le confier à un professionnel! Car il faut limer et c'est agressif, soit l'extrémité, soit près du rivet, pour monter ou descendre en fréquence, ce qui demande un entrainement sur des anches d'essais qui vont être sacrifiées.

 - Pour des flûtes de type trompettes avec une rasette. Il faut accorder en tirant ou en poussant cette rasette

 - Pour des tuyaux fermés (des bourdons) il faut selon le cas remonter ou descendre les tampons des flutes désaccordées

- Pour des tuyaux ouverts (flutes ouvertes) il faut régler une guillotine ou un clapet selon le type de réglage en place.

 

Il y a même des orgues avec tous les cas lorsqu'ils sont équipés de registres pour ces différents type de flûtes...

 

De plus il faut connaitre et choisir son tempérament et un diapason...Et là aussi il faut savoir ce que c'est avant! D'ailleurs on peut aussi décider d'en changer selon ses goûts musicaux. On peut partir d'un diapason en LA 415, 440, 442 ou 432. J'en connais qui ne savent même pas que l'on peut changer de diapason et qui n'ont jamais appuyé sur le bouton destiné à ça sur leur accordeur pourtant le plus simple et qui par ailleurs prétendent être musicien ou noteur pour nos cartons...

Le La 415 pour un orchestre baroque

Le La 432 pour ceux qui pensent que c'est plus harmonieux pour des raisons ésotériques

Le LA 440 pour un orchestre midi c'est aussi le plus courant pour jouer avec un orgue seul

Le La 442 pour un orchestre symphonique et des instruments d'orchestre moderne

Le LA 444 pour certains constructeur américains qui voudraient seulement privilégier la simplification des calculs et l'informatique

 

Ensuite on peut accorder dans différents tempéraments:

tempérament égal,

tempérament inégal,

mésotonique, pytagoricien, mercadier, hamel, cordier, Werckmeiter, kimberger, etc...

 

Même l'expression "clavier bien tempéré" prend un sens différent pour Bach ou Mozart! C'est donc un problème de mode selon les époques et de goûts des musiciens selon leur  formation!

Il existe des musiciens autodidactes et donc sans formation à la musique d'un coté et de l'autre des formations à la musique sans formation à l'histoire de la musique...

 

Selon  votre accordeur vous avez accès à plus ou moins de fonctions!

 

Dans les plus simples le La central peut varier de 410 à 480Hz et il ne permet que le tempérament égal à gamme tempéré

un autre un peu plus complet il permet aussi de changer de tempérament: égal ou inégal, (pythagoricien, milieu de gamme Mib/Do#, Werckmeister III, Kirnberger III, Kellner, Vallotti, Young)

 

Le tempérament le plus courant pour un orgue solitaire c'est le tempérament égal de la gamme tempérée. Le "clavier bien tempéré" a été répandu par Mozart à partir de 1770.

 

Stabilisation

 

 Mais alors la difficulté sera de maintenir cet état proche de la perfection (pour un orgue) dans le temps qui passe et dans le temps qu'il fait...C'est ce que je tente de réaliser avec les essais de stabilisation après toutes ces approches successives en traitants les surfaces qui n'ont normalement plus besoin d'être poncées .

 

Le seul fait de transporter son orgue dans une voiture, de le sortir par temps de pluie ou sec, de le changer de température, d'ambiance, d'humidité peut altérer ses performances et même le rendre muet ou avec des bruits intempestifs selon le délai d'exposition ou la sensibilité de l'orgue à ces changements, car la matière de l'orgue, le bois, est une matière dont ont dit souvent qu'il est " vivant" ou qu'il "travaille". Il est alors indispensable de réviser l'orgue et quelques fois d'améliorer sa conception.

Tout collectionneur d'instruments mécaniques connait la sensibilité des orgues anciens qui refusent obstinément de jouer même stockés dans la maison au chaud selon le degré d'humidité de la saison.

 

Michel Fischer recommandait de tourner un carton par jour. L'inaction prolongée pour un orgue peut se révéler aussi rédhibitoire, sinon plus, que l'usure quotidienne, car à la longue, les membranes au contact du bois du siège peuvent se coller avec les tanins des feuillus ou la résine d'un résineux. Les ressorts peuvent s'écrouirent, etc...

 

Mais cet aspect doit être pris en compte dès la conception.

Quel matériaux choisir. Comment les mettre en œuvre?

Comment rendre l'orgue stable dans le temps, quelques soient les conditions extérieures par rapport au lieu habituel de stockage pour ne pas avoir à refaire tout ces réglages trop souvent.

 

Pour les ressorts on a déjà vu que les  ressorts en spirales remplacent avantageusement les ressorts en compas qui eux ont une nette tendance à grincer en glissant et à perdre leur élasticité.

 

On ne colle pas les membranes des vannes sur le bois, mais on peut traiter les surfaces des sièges avec du vernis, du bouche pores, du fond dur ou par un produit comme le rubio.

 

L'inconvénient des produits qui prennent une épaisseur même minime comme les vernis, c'est la modification des dimensions de la largeur de l'ensemble des flutes de montre qui modifie les intercalaires et la place des tuyaux d'alimentation.

Le rubio qui pénètre le bois dans ne modifie pas son épaisseur.

D'un autre coté l'application simultanée de vernis sur une flute et sa lèvre supérieure ne modifie pas la lumière.

 

On peut aussi envisager ce traitement sur d'autres endroits comme les noyaux et les lèvres inférieures, car même si, tant que l'harmonisation n'est pas terminée il faut souvent revenir poncer ces surfaces, une fois toutes les conditions atteintes, il faut stabiliser ces surfaces pour éviter de perdre trop rapidement l'équilibre qui reste précaire.

 

On peut aussi envisager de faire les sièges et chambres des vannes comme les noyaux et les lèvres inférieures, dans une matière comme le delrin ou un plastique insensible au variations d'humidité. On a alors d'autres soucis: le collage entre matériaux de nature différentes.

 

D'un autre coté l'usure et le temps vont inévitablement apporter son lot de petits problèmes.

Nos choix techniques initiaux sont le résultat des solutions adoptées progressivement pour réduire ou contourner au maximum les problèmes connus. En suivant nos recommandations vous allez donc en éviter quelques uns. Mais il restera toujours des contraintes inévitables.

Aucun orgue au monde n'est éternel, ni ceux fait avec nos propositions et nos fournitures modernes, ni ceux qui prétendent n'utiliser que des techniques soit disant ancestrales et ayant donc fait la preuve de leur pérennité, mais ils ont fait l'objet de nombreux entretiens avant de nous parvenir...

Au démontage on constate quelques fois des entretiens maladroits voire des massacres exécutés par des incompétents comme de l'huile de cuisine ou de vidange dans les points de graissage, des collages trop rigides ou incompatibles avec le support, des matériaux inadaptés, etc...

 

Il y en aura toujours pour nos orgues et pour ceux des autres aussi:

 

l'usure du bord de référence par le passage répété des cartons.

le cuir des soufflets qui va perdre sa souplesse, se fendre dans les plis et fuir.

La colle qui craque aux endroits des plis et laisse l'air s'échapper.

Les ressorts comprimés en permanence qui perdent leur force de compression.

Le bois qui perd son humidité résiduelle et qui fend irrémédiablement à l'occasion d'une sècheresse prolongée.

L'usure des paliers des bielles sur le vilebrequin qui vont en prenant du jeu provoquer des claquements.

Les clapets dont le cuir se détend.

La rouille des parties métalliques qui peut gripper un axe ou au contraire le ronger.

Les chocs, chutes et accros lors des manutentions, les accidents provoqués par un spectateur peu respectueux qui touche une lèvre supérieure pour voir si c'est solide ou les tampons pour voir si ça bouge ou change de ton, les inconscients qui posent leur verre et boissons sur l'orgue, quand ils ne viennent pas carrément s'appuyer ou même s'assoir dessus si il est posé au sol.

la poignée qui bute dans un encadrement de porte ce qui tord inévitablement le vilebrequin, etc...

 

Voici l'exemple d'un orgue construit en 2004 donc âgé de 14 ans au moment de cette révision et donc conçu avec des techniques qui ne prenaient pas encore toutes les recommandations citées ci-dessus, par exemple:

Les vannes à membrane ne sont pas intégrées sur chaque flûte mais sur une rampe accolée à un distributeur.

Elles n'ont pas de vis de réglage mais un trou directement dans la membrane fait avec une aiguille conique. Ce qui permet de l'agrandir facilement en passant par le canon du tube de commande qui est situé en face.

Pour diminuer ce diamètre de trou il faut alors démonter la vanne et coller une pastille sur la membrane puis recommencer les tests.

Les vannes à membranes sont toutes du même diamètre de 12mm, ce qui implique que la première basse est sous-alimentée et que les aigües sont trop brillantes, ce qui se détecte bien à l'écoute des cartons tests de la vidéo ci-dessous.

Les clapets ne sont ni démontables ni accessibles.

 

Des enregistrements  obtenus en 2014 après cette phase (à l'époque on n'utilisait pas encore des cartons tests de non répétitions écoutez "caravane").

 

En vidéo le  résultat du passage des cartons tests après plusieurs jours de corrections successives pour retrouver un résultat correct en 2018:

 

 

Par contre il a été modifié:

Pour remplacer les axes des bielles sur le battant par des liaisons élastiques.

Les bielles fendues verticalement ont été remplacées par celles coupées horizontalement.

Les ressorts en compas ont été remplacés par des ressorts en boudin.

La réserve a été refaite pour tenir compte des hauteurs d'éclisses et éviter les retournements et aussi agrandir la soupape.

Une roue libre a été installée pour éviter le pliage des cartons quand un enfant tourne à l'envers.

 

Pour montrer que l'on ne détecte pas facilement ces défauts avec un carton puisque l'enregistrement de la vidéo a été  faite avant les corrections de la vidéo précédente:

 

 

 

C'est toute la difficulté de comprendre l'intérêt de cet article...

Mais ce qui permettra à votre orgue de restituer toutes les effets subtils que le noteur à prévu et qui font la différence entre un arrangement grossier et celui d'un professionnel.

 

Tout ça parce que les constructeurs amateurs, comme les professionnels, d'orgues doivent tenir compte des contraintes des noteurs et que les noteurs doivent prendre en compte la capacité des orgues neufs mais aussi la performance de ceux encore en service, un peu fatigués par le temps et l'usure...

 

 

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Après de longues hésitations sur: "dans quelle catégorie placer cet article qui fait des liens avec presque tout?"

La décision est tombée c'est la catégorie technique et soufflerie parce que ça concerne les bruits mécaniques les clapets et le gavioli! Même si ça concerne aussi les flûtes et les réglages des vannes...

 

Ce qui démontre les difficultés à expliquer et comprendre cette phase de réglages digne d'une F1 de compétition pour laquelle  les fuites sont tout aussi déconseillées...

F1.png

 



18/10/2018
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